L’histoire du vignoble bordelais

L’histoire du vignoble bordelais

L’histoire du vignoble bordelais 1280 1920 Château Cantenac Brown

Une histoire de plus de deux mille ans a fait de Bordeaux la capitale mondiale du vin. Gâtée par une géologie et un climat favorables, mais soumise aux aléas de l’histoire et de la nature, Bordeaux a su à toutes les époques saisir les opportunités qui les conduisent sur la voie du succès : politiques, économiques, commerciales ou technologiques. A travers cet article, Cantenac Brown vous explique l’histoire du vignoble bordelais.

L’Empire romain, premier investigateur du vignoble bordelais

Les origines du vignoble bordelais remontent à la conquête romaine en 56 av. JC, Crassus conquiert Burdigala (aujourd’hui Bordeaux)et soumet les Bituriges Vivisques, le peuple celte à l’origine de la ville. A cette époque, le vin n’était pas encore répandu dans le ville. Importé de Pompéi puis du Narbonnais et ensuite d’Espagne, il était considéré une boisson chère dont le commerce n’enrichissait que les Romains. La conquête de la Bretagne (aujourd’hui l’Angleterre) par Claude, et l’importation du biturica, cépage résistant dont l’origine fait encore débat, vont asseoir la viticulture bordelaise.

Du 1er au 4e siècle, le bourg se transforme en une cité de négoce imprégnée d’une culture viticole forte. Petit à petit elle pénètre tous les secteurs d’activité — l’économie, les métiers, les arts, l’architecture. Le vignoble gagne lui aussi du terrain. Il conquiert les faubourgs de Burdigala et les « côtes » de la rive droite.

Après la domination romaine, l’âge d’or des anglos-saxons

Cinq siècles d’invasions et de troubles eurent presque raison du vignoble bordelais. Mais la diffusion du christianisme – le culte exigeait du vin – et la croissance démographique – conduisant à la conquête de nouvelles terres – assurèrent sa longévité. Le vignoble médiéval s’impose aux abords de la ville, dans les paroisses des Graves et du Médoc et progresse dans l’Entre-Deux-Mers.

En 1154, Henri II Plantagenêt, époux d’Aliénor d’Aquitaine, monta sur le trône d’Angleterre. Fidèles sujets du suzerain, les Bordelais monétisent leur loyauté par des privilèges fiscaux et commerciaux. Au cours de trois siècles de règne britannique, Bordeaux établi ainsi un monopole sur la production, la vente, le transport et la distribution du vin anglais. La vigne avance aux abords de la ville, conquiert la « Palouse » de la vallée et investit plusieurs villages tels que Fronsac, Saint-Émilion, Cadillac, Saint-Markel, Langon ou encore Barsac.

17ème et 18ème siècle, la révolution du vignoble bordelais

Si les Anglais aiment le Claret, les Hollandais et leurs clients préfèrent de solides vin blanc et les palus élaborés en rouge. Grands négociants et acheteurs de vins orientèrent la production bordelaise vers la création des premiers grands vins, dont le célèbre « Ho-Bryan » (Haut-Brion).

Dans une ville connue pour sa splendeur, les vins de Bordeaux entrent dans le concours de la qualité. Ils font rapidement l’objet de recherches et de classements. Bientôt, la notion de « Cru » s’impose dans l’esprit collectif. Elle est notamment utilisée par les Britanniques dans les vins de Lafite, Latour et Margaux.

Entre prospérité et maladie, le vignoble bordelais du 19ème siècle

Le 19ème siècle a commencé l’avènement d’un nouvel âge d’or. En quelques décennies, la production double et les exportations triplent.
Les progrès rapides de la viticulture (aspersion de soufre contre l’oïdium, palissage sur fil, taille du Dr Guyot) facilitent la tâche et augmentent les rendements. Le vin se vend bien.

Mais, en 1870-1872, l’inquiétude remplace l’excitation. Le phylloxéra attaque la vigne de toutes parts. Le vin se fait rare et son prix augmente. Différents remèdes finiront par venir à bout de ce désastre, mais l’âge d’or est désormais révolu. Surproduction, hausse des coûts d’exploitation, chute des prix, circulation de vin contrefait… L’économie, la finance et la confiance sont en crise profonde. A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, un dixième du vignoble bordelais doit être arraché.

De l’après-guerre à aujourd’hui

Le gel de 1956 et la chaleur intense de 1959 et 1961 marquent des tournants dans l’histoire du vin de Bordeaux. Alors que le premier a permis le renouveau et la réorganisation des cépages au profit du Merlot, le second a fait prendre conscience de la nécessaire maîtrise de la vinification.

C’est pourquoi les vins de Bordeaux ont autant changé de 1960 à aujourd’hui qu’ils l’ont fait au cours des 10 derniers siècles.

Article tiré de l’Académie du vin de Bordeaux.